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Phỏng Vấn





Cái giá để trả cho một cuộc sống không tổ quốc, tôi sẽ không chịu trả.
Với lũ chúng tôi, đi tới đâu, là mang theo cái bi kịch da vàng, da [do] thái tới đó.
-Oz 'bàn về' rất nhiều phụ nữ, nhưng đa số ghét cái kiểu mà ông ta bàn về họ. Những nhân vật nữ của ông ta thì như con nít, và khùng khùng.
Tôi không viết về đàn bà hạnh phúc, không viết về đàn bà, đàn ông hạnh phúc. Đồng Ki Xốt, với một tay chữa trị bệnh lý, chẳng phải là một thứ khùng khùng và con nít?
Có một thứ văn chương bi thảm ở một phần của thế giới. Nếu Cá Voi Trắng của Melville, ra lò với cái tên Garcia Marquez, thì đây sẽ là một ẩn dụ về sự độc tài.
Oz trả lời phỏng vấn 2
Oz trả lời tờ Tin Nhanh

 
L’écrivain écrit, le critique critique, et le temps juge...

(Entretien avec Iona Hederi-Remege)
 
Les médias en Israel et dans le monde ont scruté Oz sous tous les angles. À travers les paysages du kibboutz Houlda, du désert d’Arad, où il réside depuis plusieurs années, à travers l’évocation de sa maison, de son allure,
de sa physionomie, de sa facon de parler et de s’habiller, ses promenades matinales dans le désert, les cigarettes qu’il fume à la chaine, et dont il se désintoxique périodiquement. Voici Amos Oz, tel qu’il se décrypte et rejoint sans peine nos propres désirs, avec sympathie ou amertume et hostilité. Voici Amos Oz, la distance que lui imposent ses admirateurs – les mauvaises langues diront : ceux qui sont à sa traine - ceux qui sont persuadés qu’ils auraient pu être comme lui si seulement... 

Question : J'apprends à vous connaitre à travers vos oeuvres.

Réponse : « Tout homme a au moins deux histories, deux biographies. L'individu est la combinaison de choses qu'il a faites et de celles qu'il a rệvé de faire. Ma biographic intérieure hypothétique se trouve dans tout ce que j'ai écrit, et je n'ai rien à y ajouter. Elle est pour moi beaucoup plus authentique que 1'addition des documents et des papiers que j'ai dans mon tiroir, de mon compte en banque, ou des lieux où je suis passé. L'une des erreurs du lecteur est de mélanger les deux: Non qu'il n'y ait de lien entre ces deux biographies mais it faut se méfier comme de la peste d'essayer de le fixer en une formule. Ce lien est dynamique. Tout tentative pour fixer, même pour les besoins de notre conversation, le rapport entre ces deux genres de biographie, celle qu'on rêve et celle qu'on vit éveillé nie la liberté. Tout homme est imprévisible, moi aussi. »

-Peut-être n'avez-vous pas de secrets, n'avez-vous rien à cacher?

« Vous n'êtes pas la première femme à vouloir connaitre le moteur de la machine, l'origine de tout cela. Mais un individu qui ouvre toutes ses portes aux visites du public n’est plus un homme, c'est une exposition. J'ai presque fait de ma vie privée une affaire idéologique car je suis un être humain, pas une exposition. »

- Vous vous trouvez continuellement en mouvement, avec des identités qui changent chez tous vos héros.

« Je suis tous ceux-là à la fois, et aucun d'entre eux. Mon autre moi, non factuel, se trouve dans tous mes personnages, toutes mes intrigues et toutes mes situations. Cela ne correspond pas à Kafka, ou à Dostoievski, mais convient à  Tchekhov. Je me suis investi dans chacun de mes personnages, femmes, et hommes, je vois le monde par leurs yeux, et les vois les uns les autres par leurs yeux. Hannah Gonen, ce n’est pas moi, contrairement à Flaubert, qui disait “Emma Bovary, c'est moi". Mais j'y ai mis une part de moi-même, bien qu'elle m'ait énervé, et que je me sois dégouté d'elle, comme de son mari Michael, pendant que j'écrivais. »

- Votre oeuvre, c’est un peu « Vers toi je te fuirai ».(1)

“S'il y a un au-delà, et s'il y a un enfer dans l'autre monde, l'enfer de l’écrivain ce serait qu'on l'enferme à la fin des temps avec tous ses personnages. Ce serait une grande torture, it lui faudrait alors tout le temps affronter les choses qu'il a écrites pour les éloigner de lui.”

- Si vous pouviez choisir, qui choisiriez-vous?

“Sroulik, du Juste Repos. Je 1'aime énormément. C'est aussi mon candidat au poste de Premier ministre. Sroulik, ce mélomane, ce yéké (2), qui joue à la flute traversière. »

- Et quel personnage féminin emporteriez-vous avec vous?

“C'est une question difficile car il y aura un peu de mensonge dans ma réponse. Je n'en prendrai aucune, et n'ajouterai pas un mot. »

- Pourquoi, à votre avis, les femmes s’attachent-elles plus à connaitre le “moteur de la machine”?

« Parce qu'il se mêle de plus en plus de curiosité étrangère à la littérature dans la facon dont les hommes lisent un livre écrit par une femme, ou dans celle dont les femmes lisent ce qu'un homme a écrit. Quand je lis la prose d'Emily Bronte, d'Amlia Kahana Karmon, des poèmes d'Emily Dickinson, ou de Dalia Rabinovitch, je lis aussi avec mes hormones. »

- Vos héros, Joel et Fima (3), sont au midi de leur vie. Il leur arrive ce qu'on appelle un renversement des roles sexuels. Tous deux sont davantage capables d'exprimer leur anima, la part de feminité qu’ils sont en eux : sensibilité, attention aux autres, chaleur, tendresse, dépendance, sentiment d'appartenance.

« Je me réjouis de vous 1'entendre dire.”

- Mais êtes-vous d'accord avec Anne Marie, qui dit que Joel n'a jamais su ce qu’est une femme : « Tu ne comprends même pas vraiment ce mot.”

« Bien sur, je suis d'accord avec elle. Du moins Joel sait-il ce qu'il ne sait pas. Il sait ce qu'il recherche. Son regard et son attention, et même son équipement d'espion, intellectuel et intuitif, sont tournés vers la féminité, pour commencer à se connaitre lui-même. Cela ne peut se produire que lorsqu'un homme cesse de craindre un amoindrissement de sa virilité s'il accepte sa féminité et la met en oeuvre. Joel, à la fin du livre, n'a pas une compréhension nouvelle de la féminité, mais il réalise finalement qu’il a deux sexes et que tous deux jouent en lui. Il y a deux sexes en lui - mais pas au sens où il serait bisexuel. Il découvre que ce n'est pas un drame, ni une honte, et que c'est même assez agréable. Écrivez, s’il vous plait, qu'on peut considérer la moitié vide du verre et dire, comme Anne-Marie : "Tu ne sais rien des femmes", et celui qui lira cela aura raison. Et l’on peut considérer la moitié pleine du verre et dire que celui qui a découvert tout ce que Joel découvre a parcouru un long chemin, plus que tous hommes et toutes les femmes, qui malheureusement ne vont pas assez les uns vers les autres. »

- Comment Joel exprime-t-il son côte féminin ?

« Lui, le "philanthrope bien connu" (4) vit plus intensement les plaisirs imaginaires qu'il donne à Anne-Marie que ses propres plaisirs. Les femmes font ca en géneral. Avec 1'aide d'Anne-Marie, il accepte le message : "Prends soin de toi, je prendrai soin de moi, nous deux prendrons soin de nous-mêmes." Anne-Marie ne demande pas une autonomie limitée, mais une indépendance et une reconnaissance pleines et entières. Joel comme son frère à elle lui disent : Tu es une enfant. Quand elle déclare : Je suis une adulte, et vous aussi, il est affolé car c'est une menace pour lui. Il a peur et propose: “Je serai 1'homme qui donne, et toi, tu prendra”. Au moment où Anne-Marie lui dit : “Marchons ensemble sur une même ligne", it fait un bout du chemin. Je n'écris pas d'utopies. Connaitre une femme dans la réalité, c'est une utopie. Connaitre une femme, il faut le lire comme un idéal, une étoile polaire, pas comme un livre sur un homme qui voulait connaitre une femme, et l'a connue. Il y a beaucoup d'hommes qui n'arrivent même pas, comme ce Joel, au besoin de savoir où finit la fille et la mère, et où commence la femme. Ils font de la femme un croisement de maitresse, de mère et de fille. C’est peut-être universel. »

-Amos Oz traite beaucoup des femmes, mais la plupart d'entre elles détestent la manière dont il  traite. Toutes les femmes d'Oz sont « infantiles a névrosés”, a déclaré Gershon Shaked (5)

"Je n'écris pas sur les femmes heureuses, pas sur des femmes et des hommes heureux. Don Quichotte, pour un psychologue clinicien, est un personnage névrosé et infantile, non?"

 -La critique vous est peut-être tombée dessus parce que dans La Boite noire, Connaitre une femme, et même dans La Troisième Sphère, on dénude le sexe d'un male israllien wasp et ashkinaze, et l’on découvre qu’il n’en a pas.

“ Je ne veux pas parler de cela. Tous ceux qui ont écrit sur mes livres avec le désir ou le besoin de me blesser y ont réussi sans peine. Mais cela ne changera rien. J'écrirai comme je peux. Je serai heureux de mieux écrire, et la critique fera ce qu'elle pourra. »

- Peut-être ne voulez-vous pas parler des critiques contre vous parce que cela voudrait dire que le ‘juge est un fils de pute’.

“L'écrivain écrit, ensuite le critique critique, et le temps finalement jugera, c'est, je pense, en principe le bon ordre. »

- Malgré la critique, vos livres se vendent énormément.

“ll y a de grandes oeuvres qui n'ont pas plus de trois cents lecteurs et de grandes oeuvres que des millions de gens ont lues, vendeuses et coiffeurs y compris. En revanche, il y a de très mauvais livres que plusieurs centaines de gens ont lus et de très mausais livres lus par des millions de gens, vendeuses et coiffeurs compris. Cela pour dire qu'il n'y a pas de rapport, d'un côté ou de 1'autre, entre la diffusion d’une oeuvre et sa valeur littéraire. Il serait stupide de dire que Robert Musil et Or-Tsion Bartana (6) sont de grands romanciers parce qu'ils n'ont eu que de
rares lecteurs, et qu'en revanche Tchekhov et Harold Robbins sont de piètres auteurs, parce que le monde entier les lit. Mais il n’est pas moins stupide de dire le contraire. »

- Vous dites qu’ il est presque impossible d'écrire en hébreu sur l’”amour pour l'amour”, sur la “condition humaine en général », parce que la litérature helbraique traite de la ‘tragédie juive’  et aussi à cause de “milliers d'années de maitrise de 1'instinct».

“Il est exact que, dans la littérature hébraique, l’histoire s'insinue très profondément dans la biographie. Il n'y a rien d'étonnant à cela. Il y a seulement quelques mois, Saddam Hussein était chez nous tous dans la chambre à coucher. Ce qui est étonnant, c’est que, dans de telles conditions, de grandes plages d'intimitté réussissent à survivre dans la littérature hébraique. Il y a des romans d'amour où la "situation israélienne" est un aspect enrichissant de 1'existence humaine, comme dans La Ville aux jours nombreux de Shulamith Hareven, et Neima Sasson écrit des poems d'Amalia Kahana Karmon est une extraordinaire histoire d'amour. Où sont les histoires d'amour écrites par des hommes ? D'accord, vous avez raison. Par exemple, Le Marriage de Galia, d'A. B. Yehoshua, la nouvelle de Yakov Shabbtai Vraie Délicatesse, et La Mort de Lyssanda, d'Itshak Orpaz.»

-Certains commentateurs voient dans La Troisième Sphère un témoignage sur la “situation israélienne".

La Troisième Sphère n’est pas un témoignage sur la “situation israélienne”. Il y a un sort commun de la littérature écrite dans les parties "mélodramatiques” du monde : comme l'Amérique du Sud, l’Europe orientale, l'Afrique du Sud et Israel. Si Moby Dick de Melville avait paru sous la signature de Garcia Marquez, on aurait dit que la baleine  blanche était surement une parabole sur la dictature. En Afrique du Sud, sous la signature de Nadine Gordimer, on aurait dit que c'est une parabole sur les Blancs et les Noirs. Sous celle de Kundera, la baleine serait Staline. Et au Moyen-Orient, signé par Ben-Ner, Moby Dick éoquerait les Palestiniens purchassés par les Israéliens. C'est une partie des problèmes posés par 1'accueil réserve à la litérature de pays où l'histoire pénètre elle aussi dans les chambres à coucher. Mais même en Israel, il y a une vie après la politique. »….

(1) Ibn Gabriol dans La Couronne de Royauté

(2) Yéké : surnom donna aux Juifs d'origine allemande.

(3) Personnages dans le roman La Troisième Sphère.

(4) Surnom donna au xx siècle à Edmond de Rothschild.

(5) Gershon Shaked : critique littéraire et historien de la littérature hébraique.

(6) Or-Tsion Banana : Écrivain israélien contemporain.