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Chưa từng
có nhà văn nào
viết về thành phố tuổi thơ thê
lương như thế này:
Je ne sais
pas écrire sur le feu et le sang. Si j'écris jamais quelque chose sur
cette
guerre, je ne parlerai pas du feu et du sang, mais de la sueur et de la
vomissure, du pus et de la pisse.
Tớ đếch biết
thứ văn chương
viết bằng máu và lửa. Cứ giả như, có khi nào viết một cái gì đó, về
cuộc chiến này, thì cũng không phải là những dòng "đường ra trận mùa
này
đẹp lắm", mà sẽ là một thứ văn chương viết bằng mồ hôi, bằng
ói mửa, bằng mủ lậu tim la hột xoài, bằng cứt đái.
*
A l’âge de
neuf ans, j'ai connu le siège et le bombardement
de Jérusalem. C'était la première fois que je voyais un cadavre. Un
obus tiré
depuis le poste d'artillerie de la Légion arabe sur Nebi Samhil frappa
un Juif
religieux et lui ouvrit le ventre. Je le vis, allongé dans la rue.
C'était un
petit homme avec une barbe hirsute. Son visage était pâle et étonné
tandis
qu'il agonisait. Cela se passait en juin 1948. Je détestai longtemps
cet homme
parce qu'il apparaissait dans mes rêves et me terrifiait. Je savais que
Jérusalem
était environnée de forces qui souhaitaient ma mort.
Plus tard, je
quittai la ville. Je l'aime encore comme on
aime une femme qui vous dédaigne. Quelquefois, quand je n'avais rien de
mieux à
faire, j'y allais pour la courtiser. Certains chemins et allées me
connaissent
bien, même s'ils font semblant de m’ignorer.
Năm 9 tuổi,
tôi biết thế nào là bị vây hãm, và bom đạn, ở Jérusalem. Đó
là lần đầu tiên tôi nhìn thấy một xác chết.... Tôi ghét kẻ chết đó
trong nhiều năm, vì ông ta cứ hiện ra trong những giấc mơ của tôi, và
hăm dọa tôi..
Sau đó, tôi
rời bỏ thành phố. Tôi vẫn còn yêu thành phố, như bạn yêu
một người đàn bà, và người đàn bà này thì khinh khi bạn. Đôi khi chẳng
có gì hay hơn d
để là, tôi trở
lại ve vãn thành phố. Vài con phố, vài lối đi biết thật
rành về tôi, ngay cả khi chúng làm bộ vờ.
*
Shulamith Harreven, lâu rồi, có viết là, những cuốn sách của
ông cho [người đọc có] cảm tưởng là ‘thế giới có một sự cần thiết khẩn
thiết được
cứu vớt’ [vos livres donnent le sentiment que ‘le monde a un besoin
urgent d’être
sauvé’].
Amos Oz: Đúng
như thế, tôi loay hoay hoài với điều này, ở bên
trong, và ở bên ngoài, những cuốn sách của tôi. Tôi nghĩ là tình cảm
này hiện hữu
thật đặc biệt trong cuốn sách mới ra lò của tôi: Biết một
người đàn bà
[Connaitre une femme]. Ít ra, từ quan niệm của tôi,
chủ quan,
phiến diện, đây là
một cuốn sách tôn giáo. Một cuốn sách về một cá nhân đi tìm sự thực,
không phải sự thực chính trị, hay tâm lý, nhưng siêu hình. Người đó tìm
không
thấy, nhưng cuốn sách đưa ra được hai ba câu hỏi mà theo tôi, thiết
yếu, và
như thế, cũng tươm tất rồi [c’est déjà une étape].
*
-Ông muốn nói,
viết, cũng là một, trong số những hành động khác, một
hành động
tôn giáo, [que l’écriture est aussi, entre autres, un acte religieux]?
Oz: Không phải
một hành động văn hóa, mà là tôn giáo. Đúng
như vậy. Với điều kiện, phải hiểu ý niệm ‘tôn giáo’: luôn luôn tìm điều
mà người
ta không thể nào nắm được, bằng những từ ngữ.
Ngôn ngữ thì
tĩnh, statique, nó cố định, il fixe. Trong khi
tôi, điều tôi quan tâm, là cái gì không cố định, những dòng chẩy, ce
sont les
flux. Như thế, tôi làm việc với ngôn ngữ chống lại ngôn ngữ, je
travaille avec
le language contre le language, và đây là dụng cụ của tôi….
Un étranger
dans une ville étrangère
Amos Oz
A
l’âge de neuf ans, j'ai connu le siège et le bombardement
de Jérusalem. C'était la première fois que je voyais un cadavre. Un
obus tiré
depuis le poste d'artillerie de la Légion arabe sur Nebi Samhil frappa
un Juif
religieux et lui ouvrit le ventre. Je le vis, allongé dans la rue.
C'était un
petit homme avec une barbe hirsute. Son visage était pâle et étonné
tandis
qu'il agonisait. Cela se passait en juin 1948. Je détestai longtemps
cet homme
parce qu'il apparaissait dans mes rêves et me terrifiait. Je savais que
Jérusalem
était environnée de forces qui souhaitaient ma mort.
Plus tard, je quittai la ville. Je l'aime encore comme on
aime une femme qui vous dédaigne. Quelquefois, quand je n'avais rien de
mieux à
faire, j'y allais pour la courtiser. Certains chemins et allées me
connaissent
bien, même s'ils font semblant de m’ignorer.
J'aimais Jérusalem parce que c'était une ville au bout de la
route, une ville où on pouvait arriver, mais qu'il était impossible de
traverser; aussi, parce que jamais elle ne fit réellement partie de
l'État
d’Israel. A l'exception de quelques rues, elle conserva toujours une
identité
séparée, comme si elle délibérément tourné le dos à toutes les villes
commerciales,
plates et blanches : Tel-Aviv, He Herzliya, Netanya.
Jerusalem
était différente. C'était la négation des pâtés de maisons réguliers,
blanchis à
la chaux, loin des plaines
d'orangeraies, des jardins bordés de haies, des toits rouges et des
tuyaux
d'irrigation étincelants sous le soleil. Même le bleu d'été à Jérusalem
était
différent: la ville répudiait le ciel blanchâtre, poussiéreux de la
plaine
côtière et de la vallée de Sharon.
Une ville hivernale, avec des volets. Même l’été elle évoquait
1'hiver. Balustrades de fer rouillées; la pierre
grise, tirant sur le bleu pâle ou le rose; les murs délabrés, les
rochers, les
cours moroses, tournées vers l'intérieur.
Et les habitants : une race taciturne, maussade, toujours en
proie, semblait-il, à une terreur refoulée. Des Juifs pieux, des
ashkenazim à
chapeau de fourrure, de vieux sefardim en robe rayée. Des érudits aux
manières
dou, entre les murs de pierre. Des jeunes filles rêveuses. Des
mendiants aveugles formulant des prières ou des malédictions. Des
idiots des rues avec un certain génie.
Pendant vingt ans, Jérusalem tourna obstinément le dos au rythme de la
vie libre : une ville très lente dans
un pays frénétique; banlieue lointaine, perchée sur les collines, dune
terre
plate couverte de batiments neufs et menacant d'exploser sous la
pression d’une
énergie bouillonnante.
Lugubre capitale d'un État exubérant.
Et la sensation d'étouffement : it y avait des rues
détruites, des allées bloquées, des barricades de béton et de barbelés
rouillés. Une ville faite seulement de faubourgs. Non une cité d'or,
mais une
cité en tôle ondulée, tordue et perforée. Environnée du son de cloches
étrangères la nuit, d'odeurs et d'horizons étrangers. Un cercle de
villages
hostiles enfermait la ville sur trois côtés : Shuafat, Wadi Joz,
Issawiya,
Silwan, Bethany, Tsur Bahr, Beit Safafa. II semblait qu'il leur
suffisait de
serrer le poing pour écraser Jérusalem. Dans la nuit d'hiver, on
percevait les
ondes méchantes qui en émanaient.
La peur habitait la cité : une peur intérieure qui jamais ne
devait être nommée, ni formulée par des mots, mais qui se rassemblait,
s'accumulait, se solidifiait dans les allées tortueuses et les chemins
isolés.
Les édiles de la ville, les autorités, les quartiers de
logements sociaux, les arbres nouvellement plantés, les feux de
circulation
essayaient tous de persuader Jérusalem de se laisser absorber dans
l'État
d'Israel, mais en dehors d’une ou de deux rues, elle s'y refusait.
Pendant
vingt ans, Jerusalem maintint obstinément le caractère désuet du mandat
britannique.
C'était toujours la sombre Jerusalem : non pas partie
d'Israel, mais dressée contre lui.
J'aimais aussi Jerusalem parce que j'y étais né. C'était un amour sans
compassion : mes cauchemars s'y
déroulaient souvent. Je n'y vis plus, mais dans mes rêves j'appartiens
à Jérusalem
et elle refuse de me laisser partir. Je nous voyais cernés de toutes
parts. Je
voyais la ville tomber entre les mains de l'ennemi, saccagée, pillée et
brulée
comme dans la Bible, dans les légendes des guerres romaines et le
folklore de
mon enfance. Et dans ces rêves j'étais moi aussi pris au piège dans
Jérusalem.
Quand j'étais petit, on me raconta beaucoup d'histoires sur
le siège et l'ancien temps. Dans chacune, les enfants juifs étaient
massacrés à
Jérusalem. La ville tombait toujours, héroique ou impuissante, it y
avait une
tuerie, cela finissait par l'incendie des murailles et les petits Juifs
“poignardés”. Sennacherib, le
méchant Titus,
les croisés, les maraudeurs, les agresseurs, la loi militaire, le
haut-commissaire, les fouilles, le couvre-feu, Abdullah, le roi du
désert, les
fusils de la Legion arabe, le convoi du mont Scopus, le convoi du bloc
de la
Foi, la populace échauffée, les foules excités, les voyous assoiffés de
sang,
les forces irrégulières, tout éait dirigé contre moi. Et j'appartenais
toujours
à la minorité, aux assiégés, à ceux dont le destin était scellé, qui
vivaient
dans un sursis provisoire. Cette fois aussi, comme toujours, la ville
tombait,
et à l'intérieur nous mourrions tous, tel ce Juif pieux allongé dans la
rue
avec son visage pâle et son air surpris d'avoir été grossièrement
insulté.
Après la fin de la guerre d'indépendance, une frontière
partagea le coeur de la ville. Je passai les années de mon enfance dans
la
proximité de rues qu'on ne devait pas approcher, de dangereuses allées,
de
traces de bombardements, de no man's land, de balles incrustées dans
les
fortifications de la Légion arabe, on pouvait apercevoir à l'occasion
un fez
rouge, des champs de mines, des chardons, des ruines noircies. Des
morceaux de
ferraille tordue et rouilée parmi les vagues de décombres. On entendait
souvent
des coups de feu de ce côté, des balles isolées ou des salves de
mitraillette.
Des passants surpris dans la ligne de mire des legionnaires étaient
brusquement
abattus.
En face se dressait l'autre Jérusalem, qui encerclait ma cité,
nous envoyait des cascades de sons strangers, gutturaux, et des odeurs,
et de
pâles reflets la nuit, et l'appel terrifiant du muezzin avant l'aube.
C'était
une sorte d'Atlantide, de continent perdu : je n'en ai conservé que de
rares et
vagues souvenirs, du temps de ma petite enfance. La foule bigarrée des
ruelles
de la Vieille Ville, l'allée voutée conduisant au mur des Lamentations,
un
policier arabe du mandat avec une moustache touffue, les étals de
marché la buza,
le tamarin, un tourbillon vertigineux de couleurs, la tension
perceptible du
danger.
De l'autre cots de la ligne de cessez-le-feu, une menace
sourde me guettait : “Attends seulement.
Nous n'avons pas fini. Un jour, nous allons t'attraper. »
Je me souviens m’être promené au crépuscule dans les rues de
Musrara, à la lisière du no man's land. Ou de vues lointaines, depuis
les bois
de Tel Azra. Du poste d'observation d'Abu Tor. La place défoncée par
les obus,
devant Notre-Dame. Les clochers de Bethléem, face à la fôret de Ramat
Rahel.
Les minarets des villages environnants. Les flancs de collines denudés
en
dessous des nouvelles constructions de Talpiot. Le scintillement de la
mer
Morte au loin, tout en bas, tel un mirage. Le parfum des vallées
rocheuses à
l'aube.
Le dimanche 11 juin 1967, j'allai voir Jérusalem, de l'autre
côté des lignes. Je visitai des endroits que des années de rêves
avaient
cristallisés comme des symboles dans mon esprit, et je découvris que
c'étaient
simplement des lieux où vivaient les gens. Des maisons, des magasins,
des
étals, des panneaux de signalisation.
J'étais stupéfié. Mes rêves m'avaient trompé, les cauchemars
se révélaient infondés, la peur perpétuelle s'était brusquement
transformée en
une cruelle plaisanterie en arabesque. Tout était brisé, exposé : ma
Jerusalem
terrifiante et adorée était morte.
La ville était différente à présent. Des coins reculés
devinrent des centres animés. Des bulldozers tracèrent de nouvelles
voies dans
les décombres qui m'avaient paru immuables. Des parties oubliées furent
gagnées
par une activité frenétique. Des flots de Juifs pieux, de soldats en
treillis,
de touristes excités et de femmes à peine vêtues des villes côtières se
deversèrent vers l’est. Une marée montante s'elevait jusqu'à Jérusalem,
comme
si la plaine avait débordé pour s'engouffrer dans la brèche ouverte au
milieu
de la ville. Tout le monde se sentait joyeux, moi y compris.
Il m'est douloureux d'écrire la suite. Si je répète «Jaime
la Jérusalem reunifiée, quel est le sens de mes paroles? Jérusalem est
mienne,
et pourtant elle m'est encore étrangère; capturée, elle résiste
toujours; elle
cède, mais se tient en retrait. J'aurais pu ne pas m'en apercevoir : le
ciel
est le même, la pierre de Jérusalem est la même, Sheikh Jarrah et les
rues de
la colonie américaine sont exactement comme Katamon et les rues de la
colonie
allemande.
Mais la ville est habitée. Des gens y vivent, des étrangers
: je ne comprends pas leur langue, ils vivent là où ils ont toujours
vécu et je
suis l'étranger venu d'ailleurs. C'est vrai, ils se montrent polis. Ils
le sont
presque d’une manière offensante, comme s'ils avaient atteint le sommet
du
bonheur en me vendant quelques cartes postales colorées et des timbres
jordaniens. Bienvenue. Nous sommes tous frères. C'est vous que nous
attendons
depuis vingt ans, pour vous sourire en disant ahlan et
salam aleikum et
vous proposer des souvenirs.
Leurs yeux me haissent. Ils souhaitent ma mort. Maudit étranger.
Je me trouvai dans la Jerusalem-Est trois jours après sa
conquête. J'arrivai directement d'El-Arish, dans le Sinai, en uniforme,
armé
d’une mitraillette. Je ne suis pas né pour souffler dans des cornes de
belier,
ni pour libérer des terres du joug étranger. J'entends les gémissements
des
peuples opprimés ; mais pas celui des « terres opprimées ».
Dans les rêves de mon enfance, des Arabes en uniforme, armés
de mitraillettes, venaient dans la rue où j'habitais à Jérusalem pour
nous tuer
tous. Il y a vingt-deux ans, le slogan suivant est apparu en lettres
rouges sur
le mur d’une cour : LA JUDGE EST TOMBÉE DANS LE FEU ET LE SANG, DANS LE
FEU ET
LE SANG ELLE SE RELÈVERA. Les mots avaient été écrits pendant la nuit
par un
membre de la clandestine antibritannique. Je ne sais pas écrire sur le
feu et
le sang. Si j'écris jamais quelque chose sur cette guerre, je ne
parlerai pas
du feu et du sang, mais de la sueur et de la vomissure, du pus et de la
pisse.
Je m'efforcai, dans la Jerusalem-Est, de me sentir comme un
homme qui a chassé ses ennemis et recouvré son héritage ancestral. La
Bible
reprit vie sous mes yeux : les rois, les prophètes, le mont du Temple,
le
caveau d'Absalom, le mont des Oliviers. Et aussi la Jérusalem d'Abraham
Mapu et
le Tmol Shilshom (1) d'Agnon. Je
voulais m'intégrer, participer à la célébration générale.
Mais je ne pouvais pas, à cause des gens.
Je vis du ressentiment et de l'hostilité, de l'hypocrisie,
de l'affolement, de l'obséquiosité, de la peur, de l'humiliation et je
vis
s'ourdir de nouveaux complots. J'arpentais les rues de Jerusalem-Est
comme un
homme qui s'est introduit en un lieu interdit.
Cité de ma naissance. Cité de mes rêves. Cité des
aspirations de mes ancêtres et de mon peuple. J'étais là, je m'avancais
dans
ses rues, cramponné à ma mitraillette, comme un personnage de l'un de
mes
cauchemars d'enfance : un homme étranger dans une ville étrangère.
1. Cela se passait
hier. (N.d T.)
Trong tập
tiểu luận Hai cái chết của bà tôi, bản
tiếng Pháp, dịch từ tiếng hébreu, hoặc tiếng Anh. Dịch giả [tiếng
hébreu] Flore Abergel; tiếng Anh: Anne Rabinovich
[Gallimard, tủ sách folio]
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