AINSI LISAIT BORGES
Borges
đọc như thế đó
Il ne lisait en entier presque aucun livre,
mais les annotait à profusion. Lorsqu'il quitta la direction de la
Bibliothèque nationale de Buenos Aires, en 1973, le
géant de la littérature argentine légua à l'institution un millier de
ses
ouvrages. Deux employés les ont retrouvés et étudiés.
PABLO GlANERA. La Nacion.
Plus que par ses lectures, le lecteur se
révèle par les usages capricieux
ou pratiques qu'il fait des livres. Rien ne le trahit davantage que les
annotations et les marques qu'il y laisse. C'est peut-être pourquoi
celui qui
souligne et recopie compulsivement pour lui-même des phrases sur la
couverture
ou la page de garde tient à ce que nul autre ne découvre ces traces.
Jorge Luis Borges ne lisait en entier presque aucun livre, mais il les
annotait abondamment. Plutôt que de tirer un trait un tantinet sinueux
sous une
ligne, il transcrivait d'une écriture minuscule des phrases, des
citations, des
vers, sur les couvertures et dans les marges, qu'il recyclait ensuite
invariablement dans ses propres livres. Borges,
libros y lecturas examine ces annotations dans près de 500
ouvrages, acquis
depuis son premier voyage en Europe dans les années 1910 et lus - ou
relus - pendant
qu'il dirigeait la Bibliothèque nationale argentine, de 1955 à 1973.
Certains
de ces volumes furent donnés par Borges à la Bibliothèque avant de
quitter l'institution,
frappés du paraphe officiel d'un notaire (un recours nécessaire car le
bruit
infâme avait couru qu'il volait des livres), tandis que d'autres y ont
simplement été oubliés. Laura Rosato et Germân Alvarez, employés du
Trésor et
des Archives institutionnelles de la Bibliothèque, ont travaillé sur ce
matériau, s'y plongeant pour mener à bien une tâche à la fois
monumentale et
marquée par l'obsession du détail : non seulement ils ont cherché et
trouvé les
livres utilisés par l'écrivain, avec leurs annotations, mais ils ont
complété
certaines citations, en ont restitué le contexte et ont mis en relation
ces
références avec les écrits de Borges lui-même, si bien que nous
connaissons
autant le point de départ (l'ouvrage) que l'arrivée (les textes de
Borges) de
chaque citation et de chaque annotation en marge.
Quasiment tout ce qui est relevé dans Borges,
libros y lecturas est en allemand et en anglais - ses deux langues
de
prédilection. Il signe même un exemplaire de Hoffmann « Georg Ludwig
Borges». L'essai
et la poésie dominent, et le goût pour la citation devient compulsif
dans La Divine Comédie, de Dante Alighieri
(sans doute le volume le plus annoté) et dans les écrits du philosophe
Arthur
Schopenhauer. Mais il y a également des surprises, comme l'examen
approfondi -
beaucoup plus qu'on le croyait - des essais et des poèmes de T.S.
Eliot,
l'étude de l'œuvre de Jung, et même la consultation de 1'« Introduction
au Tractatus de Wittgenstein» par la
philosophe anglaise Gertrude Anscombe.
Que Borges fût un lecteur « sautillant », cela
apparaît clairement dans
l'ordre (ou le désordre) des renvois aux pages : il ne lisait pas de
bout en
bout; il cherchait un peu au hasard, guidé par cet instinct de lecteur
habile
qui trouve ce dont il a besoin pour ce qu'il écrit. Borges était
intéressé. Il
lisait pour écrire et, inversement, l'acte d'écrire était pour lui un
prétexte
pour lire. Ce n'est pas par hasard s'il a évoqué les pages - maintes
fois
compulsées - de l'Anglais John Ruskin sur la lecture comme «
nourriture» de
l'esprit.
Mais de Ruskin et de son Sésame et
les lys allait se dégager une autre idée très pertinente pour la
stratégie borgésienne
: « On pourrait lire (si l'on vivait assez longtemps) tous les livres
du
British Museum et rester cependant une personne franchement illettrée
et sans
instruction; mais si on lisait dix pages d'un bon livre, mot à mot -
c'est-à-dire avec une véritable acuité -, on serait une personne
instruite.
L'unique différence entre une personne instruite et une autre qui ne
'est pas
tient à cette acuité. » Rien de plus instructif que les encyclopédies,
l'authentique formation de Borges, qui appliqua ce mode de lecture
fragmentaire
mais précis à tous les livres. Ainsi le vers de Goethe le plus cité par
l'Argentin (« D’en haut tombait le crépuscule/ ce qui fut proche
est loin
déjà », du poème Dammrung ne viendrait-il pas
directement de Goethe mais d'une biographie du poète
par Houston Stewart Chamberlain, probablement achetée par Borges à
Genève à l'adolescence.
En revanche, il semble avoir porté une attention minutieuse à un autre
recueil
de l'Allemand, Divan occidental-oriental. Borges était exempt du
fétichisme du
bibliophile pour les éditions originales ou à tirage limité. Dans
certains cas,
il ne se sentait pas tenu de lire les livres dans leur langue
originale, même
quand il la connaissait. Il semble ainsi avoir lu Gargantu1l et
Pantagruel, de
Rabelais, en version anglaise.
Borges, libros y lecturas jette un nouvel éclairage
sur l'écrivain et permet de penser à lui autrement, non plus comme
l'érudit
gourmand qui feint d'avoir tout lu, mais comme un chasseur à l'œil
infaillible.
L'ouvrage est une anthologie colossale de vers et citations choisis par
l'auteur de Fictions, parmi lesquels cette idée de James Boswell : « Ne
pas
vivre plus qu'on ne peut se souvenir. » En érigeant en méthode le
principe de
l'anthologie, Borges croyait peut-être qu'il ne convenait pas non plus
de vivre
plus que l'on ne pouvait lire.
Cet
article est paru dans La Nacion
en septembre 2010. Il a été traduit par
François Gaudry.
Nguồn: Tạp chí Books Nov. 2010
«Ne pas vivre plus qu'on ne
peut se souvenir »
Đừng sống quá cái sức nhớ của
mi ? Sống tới đâu, nhớ
tới đó. Sống tới đâu, đọc tới đó, sống tới đâu khổ tới đó….
Hà, hà !
Bất giác lại nhớ Mai Thảo, và
một lần ngồi Quán Chùa. Ông nhắc
tới TTT, và nói, hắn ta nói, mi cầm một cây lao, quay người lại, và
phóng về quá
khứ. Cây lao cắm tới chỗ nào, là hồi nhớ của mi tới đó !
Sau đó, có lần ngồi với ông anh, nhân nhắc tới bạo động
trong thơ của ông, Gấu bèn nhớ tới giai thoại trên, bèn kể. Ông anh
chắc là cũng
thấy thú, bèn xì ra 1 kỷ niệm, 1 lần dậy học, ở cuối lớp có 1 tay học
trò chỉ
lo dỡn, ông bực quá, bèn vo cái khăn lau bảng thành 1 cục, và thẳng tay
ném tới
anh học trò, rồi quát, mang nó lên đây.
Quả bóng bay tới chỗ anh học trò, anh cúi xuống nhặt, líu ríu mang lên
cho ông Thầy.
Borges gần như chưa hề đọc trọn, dù chỉ 1
cuốn sách. Khi ông rời chức vụ giám
đốc thư viện quốc gia ở
Buenos Aires vào năm
1973, ông bèn rũ sạch áo xống, chỉ
đem theo
cùng với ông, con chim ‘của ông’, để lại hàng ngàn tác phẩm ‘của ông’.
Hai nhân
viên đã tìm lại được chúng, và đi 1 đường nghiên cứu, và sau đó, tất
nhiên, xb,
với nhan đề như trên, Tớ, « Borges đã đọc sách như thế đó ».
Cái vụ ‘rũ sạch áo xống’, là có lý do chẳng
đẹp của nó, nhưng thôi, bỏ qua,
chỉ nói đến phần « sáng và đẹp » của tác phẩm, qua bài giới
thiệu trên.
*
Trong
bài viết trên, có 1 ý
thật tuyệt và được coi là một tuyệt chiêu của Borges, trong cái gọi là
chiến
lược đọc của ông: Người ta có thể đọc « cả 1 thư viện » của thế gian,
nhưng vẫn
là 1 tên vô học. Nhưng nếu chỉ vô tư ‘chơi’ một, hoặc hai câu, mà thôi,
và thế
là thành 1 tay uyên bác. (1)
Tuyệt !
GNV có lần được 1 độc giả,
trên 1 blog [không phải TV] khen, đọc hết cõi văn Tây !
Đa tạ, nhưng không phải vậy.
GNV này, nếu nói về đọc văn
người, Ta hay Tây, thì, như TTT viết về nhà văn nhà thơ Mít, "hết thời
thanh xuân là... thôi", cái đọc của Gấu chấm dứt, sau khi VC ăn cướp
được
Miền Nam!
Muốn đọc nữa, cũng chịu thua!
Cặn kẽ hơn, nó chấm dứt trước
đó, với Camus, và Faulkner.
Từ khi
ra hải ngoại, Gấu chưa hề có diễm phúc được đọc, hay đọc được, chỉ 1
tác phẩm văn chương, do trúng 1 cú rìu phá băng của… Steiner, và vì
cú đó, khám phá ra Lò Thiêu, rồi bị 1 đòn hồi mã thương, tức cú
đánh quật ngược lại, và nhờ cú này, khám phá ra Lò Cải Tạo.
Bị trúng hai búa khủng khiếp như thế, không bị THNM, là nhờ... BHD.
Một độc
giả TV đã nhận ra điều này,
khi phán, ngoài những trang về BHD, còn lại là đen thui !
Chỉ chừng 1 năm nay, GNV mới
lại có lại được cái thú đọc văn, và như để đền bù, ông Trời còn cho
phép Gấu làm
được tí thơ, và đọc được Thơ!
Cám ơn ông ta 1 phát!
(1)
« On
pourrait lire (si l'on
vivait assez longtemps) tous
les livres du British Museum et rester cependant une personne
franchement
illettrée et sans instruction; mais si on lisait dix pages d'un bon
livre, mot
à mot - c'est-à-dire avec une véritable acuité -, on serait une
personne
instruite. L'unique différence entre une personne instruite et une
autre qui ne
'est pas tient à cette acuité. »