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It seems that the voice we humans own
Will never sound, never celebrate,
Only a wind from the age of stone
Keeps on knocking at the black gate.
And it seems to me that under the sun
I alone remain-this honor's mine,
Simply because I was the first
Who wanted to drink the deadly wine.
1917
Akhmatova

 Có vẻ như cái thứ tiếng người mà chúng ta có đó
Nó sẽ chẳng bao giờ kêu lên
Chẳng bao giờ ăn mừng
Chỉ là tiếng gió từ thời kỳ đồ đá
Liên tục gõ lên chiếc cổng đen
Và hình như chỉ còn tôi, đơn độc dưới ánh mặt trời
Và đây là niềm vinh quang của tôi
Giản dị, ấy là vì tôi là người đầu tiên
Muốn uống ly rượu độc

 

THE LAST TOAST

I drink to the house, already destroyed,
And my whole life, too awful to tell,
To the loneliness we together enjoyed,
I drink to you as well,
To the eyes with deadly cold imbued,
To the lips that betrayed me with a lie,
To the world for being cruel and rude,
To God who didn't save us, or try.
1934
Akhmatova

Bữa nhậu chót

Ta uống mừng căn nhà đã hoàn toàn bị tiêu huỷ
Mừng trọn đời ta, thật dễ sợ nếu phải kể ra
Mừng nỗi cô đơn mà ta và mi cùng chia sẻ
Mừng mi nữa chứ, làm sao không?
Mừng đôi mắt lạnh lùng chết người
Mừng cặp môi thốt lời dối trá
Mừng thế giới quá tàn nhẫn, thô bạo
Mừng Ông Trời đếch thèm cứu vớt,
và cũng chẳng thèm thử cứu vớt,
chúng ta.

 

poésie

par Jean-Yves Masson

LA RUSSIE INCARNÉE

Anna Akhmatova, l’une des grandes voix du XXe siècle

La Musique     

à D. D. Ch.

Il y a en elle un miracle qui brule.

Sous nos yeux, elle forme un cristal.

C'est elle-même qui me parle

Quand les autres ont peur de s'approcher.

Quand le dernier ami a détourné les yeux

Elle est restée avec moi dans ma tombe.

Elle a chanté comme le premier orage

Ou comme si les fleurs se mettaient toutes à parler.

Anna Akhmatova (1889-1966)

Ce qu'Anna Akhmatova dit de la musique, dans ce poème de 1958 dédié à Chostakovitch, tous ses lecteurs peuvent le dire de sa poésie : non seulement ceux qui lurent clandestinement ses poèmes au temps où, célèbre dans toute la Russie, ells était réduite au silence par la censure stalinienne, mais tous les autres, ses lecteurs d'aujourd'hui et de demain.

Depuis que Paul Valet, en 1966, traduisit (chez Minuit) le Requiem qui la révéla en France, la renommée d’Akhmatova n'a cessé de s'étendre à travers le monde. Au fil des ans, Sylvie Tecoutoff on Christian Mouze s'attachèrent à la traduction de recueils entiers, tandis que Jeanne et Fernand Rude (chez Maspero en 1982) ou Jacques Burko (ed. Orphée/La Différence, 1997) proposaient des anthologies. Venant après eux, le choix de poèmes que publie aujourd'hui Jean-Louis Backes dans la collection Poésie/Gallimard est le plus complet qu'on ait eu à ce jour; it donne à lire environ la moitié de 1'oeuvre de celle qui est peut-être le plus grand poet russe du xxe siècle.

Même si 1'on hésite à bon droit à la placer au-dessus de Blok, de Mandelstam, de Tsvetaieva on de Pasternak, qui furent ses amis, Anna Akhmatova possède au supreme degré cette qualité qu’on nomme la grandeur; elle éclate à toutes les pages des Entretiens avec Anna Akhmatova publiés par Lydia Tchoukovskaia (éd. Albin Michel, 1980), témoignage irrémplacable qu'il serait urgent de reéditer. La grandeur, en poésie, consiste peut être simplement à traiter le réel avec une intransigeance absolue. De ses vers, Anna Akhmatova affirmait qu'ils avaient bien pu être parfois « amertume et mensonge/Mais consolation, jamais >>.

Après dix-sept mois passés à faire la queue devant les prisons de Léningrad en 1938 pour rendre visits à son fils, pendant que «1'innocente Russie se tordait de douleur/sous les bottes sanglantes », celle qui avait été dans sa jeunesse « la joyeuse pécheresse » de Tsarskoie Selo et le plus virtuose des poètes de 1'école acmeiste devint la Russie en personne. Pas moins. Parce que 1'époque 1'exigeait d'elle. Parce que la Russie réelle, comme la ville légendaire de Kitège, s'était faite invisible, accessible seulement aux coeurs purs. Nul mieux que Jean-Louis Backes, traducteur de Pouchkine et de tant d'autres poètes, ne pouvait offrir de cette oeuvre une vision aussi sobre et juste, restituant dans sa plénitude 1'extrême tension de ces vers.

A quand des Poèmes complets d’Akhmatova?

Requiem, Poème sans héros

et autres poèmes

Anna Akhmatova (1889-1966) Présentation, choix et traduction de Jean-Louis Backes

Ed. Gallimard, « Poesie », 9,30 €.

 


MUSIC
for D.D.S.

A flame burns within her, miraculously,
While you look, her edges crystallize.
She alone will draw near and speak to me
When others are afraid to meet my eyes.
She was with me even in my grave
When the last of my friends turned away,
And she sang like the first storm heaven gave,
Or as if flowers were having their say.
1958
Dimitri D. Shostakovitch: 1906-1975, great Russian composer.
[Anna Akhmatova: Poems, selected and translated by Lyn Coffin; introduction by Joseph Brodsky]
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poésie
par Jean-Yves Masson
LA RUSSIE INCARNÉE
Anna Akhmatova, l'une des grandes voix du xxe siècle

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La Musique
à D. D. Ch.
Il y a en elle un miracle qui brûle.
Sous nos yeux, elle forme un cristal.
C'est elle-même qui me parle
Quand les autres ont peur de s'approcher.
Quand le dernier ami a détourné les yeux
Elle est restée avec moi dans ma tombe.
Elle a chanté comme le premier orage
Ou comme si les fleurs se mettaient toutes à parler.
Anna Akhmatova (1889-1966)
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Âm nhạc
Tặng Shostakovitch

Có ở trong nàng một phép lạ rực cháy
Dưới mắt chúng ta nàng tạo thành một khối pha lê
Chính là nàng đang nói với tôi
Trong khi những kẻ khác không dám tới gần.
Khi người bạn cuối cùng quay mặt
Nàng ở với tôi trong nấm mồ.
Nàng hát như cơn dông bão đầu tiên
Như thể tất cả những bông hoa cùng một lúc cùng cất tiếng.