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Notes



















Đổi mới, chán quá!

Đó là tạp chí Văn Học Pháp, Le Magazine Littéraire. Mấy mục Gấu mê nhất của tờ này, đều bị dẹp. Đành phải mò đọc lại mấy số cũ. Mục Trở về Mái Nhà Xưa [Retour aux classiques], Linda Lê phụ trách, tuyệt. Hay mục Sổ đọc, Carnets de lecture, của Enrique Vila-Matas.
 Post sau đây hai bài viết, trong cùng số báo Tháng Ba, 2006: Năm tiếng Tây, l’année des francophonies.
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carnets de lecture
par Enrique Vila-Matas
MA MÈRE ET IONESCO
laissons les rhinocéros à la porte

Un ami m'a téléphoné et, sans que je sache encore pourquoi, nous nous sommmes souvenus de Chesterton: « Si nous sommes incapables d'aimer notre coiffeur (que nous avons vu), comment aimerions-nous les Japonais, que nous n'avons jamais vus? »
Éclats de rire, formules de séparation, combiné raccroché. La conversation, aussi fulgurante qu'absurde, s'est terminée ainsi. M'avait-il appelé pour me parler de coiffeurs? J'ai repris place dans mon fauteuil préféré, je me suis replongé dans les Cahiers de Cioran et, à ma grande surprise, je suis immédiatement tombé sur un coiffeur: « Un admirateur de Goethe demanda un jour au coiffeur de celui-ci de lui passer une des mèches du grand homme ... »
    Au même moment, la sonnette de la porte d'entrée s'est manifestée. J'ai ouvert et un coursier m'a remis un livre. Les Œuvres complètes d'Eugène Ionesco, l'écrivain roumain naturalisé français, associé au théâtre de l'absurde. Roumain comme Cioran, ai-je pensé. J'ai de nouveau repris place dans mon fauteuil préféré, je me suis replongé dans le livre de Cioran et je suis tombé, par hasard, sur ceci: « Ionesco me dit que dans le monologue de Hamlet, il n'y a que des trivialités. C'est possible, mais ces trivialités répondent à la plupart de nos questions. Les choses profondes n'ont pas besoin d'originalité. »
C'était apparemment le jour des coïncidences qui s'enchaînent et je me suis demandé quelle serait la prochaine. Quelques minutes après, assis dans mon fauteuil préféré, je me suis rappelé que, dans ma première jeunesse, j'avais joué au théâtre universitaire Le Nouveau Locataire, une œuvre de Ionesco, dont le personnage central est confiné dans un fauteuil. Et je me suis aussi rappelé que ces derniers temps, ma mère passe des heures et des heures assise dans un fauteuil de sa maison. Je l'ai appelée. Je lui ai dit que je venais de recevoir un livre de Ionesco. Elle a immédiatement exigé de moi que je lise tout Ionesco en commençant par Rhinocéros. Elle venait juste de lire la pièce et elle avait beaucoup apprécié l'inquiétante histoire des habitants d'une petite ville qui se transforment tous en rhinocéros. « Je ne sais pas si Hitchcock a lu Ionesco, mais s'il l'a fait, il s'est inspiré de cette œuvre pour Les Oiseaux ", a dit ma mère.
J'ai raccroché. Je me suis posé une question absurde.
Ma mère ne serait-elle pas Ionesco lui-même? Mon fauteuil me pousse parfois à penser des choses bizarres et il m'est ensuite impossible d'expliquer pourquoi. Dans les minutes qui ont suivi, je suis entré dans le monde de Ionesco comme si je voulais rendre hommage à ma mère. J'ai pris, par exemple, connaissance de sa célèbre théorie sur la rhinocérité ou rhinocérisation, équivalent de déshumanisation. Selon elle, l'humanité serait périodiquement victime de certaines épidémies mentales. Nous ne pouvons nier que nous avons déjà été victimes de certaines. J'irais jusqu'à dire que nous sommes en pleine rhinocérisation, mot difficile à prononcer, mais que tout le monde comprend. La rhinocérisation n'est-elle pas, par hasard, l'air du temps?
Les jours suivants, j'ai quasiment succombé à l'influence de Ionesco (et de ma mère). J'ai lu toutes les œuvres de cet auteur et, un jour, assis dans mon fauteuil préféré, j'en suis arrivé à la conclusion que, au fil des années, Ionnesco est devenu plus subversif qu'il ne l'était de son temps, bien que la subversion ne soit pas la caractéristique fondamentale d'une œuvre où tout est à la fois trivial et fondamental: une œuvre qui parle de l'incommunicabilité humaine et envisage l'angoisse d'une façon à la fois dramatique et humoristique.
J'aime Ionesco, j'aime ma mère. Je pense à eux dans mon fauteuil préféré. Je suis sous l'influence de Ionesco, de ma mère et du fauteuil lui-même. Je viens d'imaginer des rhinocéros dans des salons de coiffure. Et je me suis dit que, si quelqu'un me téléphone, il saura très vite ce qu'est la rhinocérisation des rhinocéros. J'entends les cloches de midi et j'entends la sonnette de ma porte d'entrée se manifester. Ma mère me rend-elle visite en compagnie de Ionesco? Du salon de coiffure d'en face, s'échappent trois cantatrices chauves et trois rhinocéros. Je vois sept chaises avancer vers moi. Suis-je un rhinocéros de fauteuil? Je n'ai pas l'intenntion d'ouvrir la porte, je vais rester énergiquement ici, dans mon fauteuil préféré .•

Traduit de l'espagnol par André Gabastou
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Note: Thì ra cái hiện tượng đột biến thành ruồi, đã được Ionesco tiên tri từ khuya rồi.
Tôi tự hỏi, liệu Hít Cốc đã từng đọc Ionesco chưa, bởi vì Những con chim của ông, quả là được gợi hứng từ Rhinoceros!
Cũng như Ruồi của Đào Hiếu!

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LES LIVRES DU MOIS
HISTOIRE LITTÉRAIRE
retour aux classiques
par Linda Lê
UN DESTIN MYSTIQUE
le chant du crépuscule de Hermann Broch
Dans La Conscience des mots, Elias Canetti rappelle que le vrai poète doit être voué à son temps, être son « serf corps et âme ", tout en ayant une passion d'universalité. Cette exigence d'universalité domine tout entière l'œuvre de Herrmann Broch, qui allie la philosophie et la poésie, cette « impatience de la connaissance ". Le témoignage le plus précieux concernant l'auteur de La Mort de Virgile nous vient de Canetti qui, dans Jeux de regard, nous le décrit comme un homme répugnant profondément à proclamer de grands desseins. Il lui importait peu de vaincre et encore moins de se vanter. Il paraissait toujours indécis, pesait ses mots, était avare de confidences. Il ressemblait à un grand oiseau aux ailes rognées. Il souhaitait devenir mathématicien, mais dut travailler dans la filature familiale. Il était passionné par la philosophie et la psychanalyse. Il était, raconte Canetti, imprégné de Freud comme d'une doctrine mystique.
Dans son Autobiographie psychique, Broch a disséqué ses conflits moraux et analysé les deux pôles psychiques que sont l'extase et la panique, avec une lucidité qu'il semble devoir plus à son goût pour les sciences exactes qu'à des années d'analyse. Ce qui frappe dans tous les écrits de Broch, dans ses romans, Les Somnambules, Les Irressponsables, dans son essai, Création litttéraire et connaissance, comme dans ses lettres, c'est la volonté de traquer de nouvelles formes, d'introduire l'Hisstoire dans sa littérature. Il était de ceux qui, tout en menant un travail romanesque, réfléchissent sans cesse sur les livres des autres. Hofmannsthal, Kafka, Tolstoï et Joyce étaient des écrivains dont la lecture stimulait son élan créateur. Car il était envahi par le oute. Son œuvre s'est élaborée entre deux guerres mondiales et constammment revenait la question: Pourquoi des poètes en temps de détresse? Pourrquoi et à quoi bon? « Peut-on écrire, en a-t-on le droit? ... C'est une présomption hérétique, un combat avec l'ange sans contrepartie pour l'épaule déboitée donc une chose à la limite entre la magie noire et la magie blanche ", disait-il dans une lettre de 1948. La Mort de Virgile exprimait déjà tous ces douutes, mais aussi la quête d'une littérature où l'univers serait dissous et aboli dans le Verbe, où la fin s'ajusterait au com mencement.
Tout en étant voué à son temps, le vrai poète doit se dresser contre son temps. Tel est l'autre enseignement de Broch. Son dernier roman, Le Tentateur, clame cette volonté. En donnant la parole à un médecin qui voit arriver dans un village autrichien un faux Messie, Broch creuse le sillon mystique qui traverse toute son œuvre. Il avait souvent eu des discussions avec Canetti sur la psychologie des masses. Dans Le Tentateur, il nous livre le résultat de quatre années de méditation et de solitude. Le roman ressemble à un chant du crépuscule. Il est écrit dans une langue d'autant plus superbe qu'elle se défie de tout lyrisme. La mort rôde, elle est présente à chaque page et qui est familier de l'univers de Broch sait qu'il croyait au « destin mystique» des livres. Le Tentateur a ce destin-là. Il se situe quelque part entre les romans de Bernanos et ceux de Knut Hamsun .•

Le Tentateur Hermann Broch
Traduit de l'allemand par Albert Kahn Éd. Gallimard/l'Imaginaire,

556 p., 14,50 €.
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Conrad à l'abordage du Titanic

Un avant-poste du progrès JOSEPH CONRAD
Traduit de l'anglais et préfacé par Maël Renouard
Ed. Rivages Poche, 94 p., 5 €.
Le Naufrage du Titanic et autres écrits sur la mer JOSEPH CONRAD
Traduit de l'anglais par Christophe Jaquet Éd. Arléa, 148 p., 16 €.

Fils d'un insurgé polonais en rébellion contre l'Empire russe, orphelin dès son plus jeune âge, exilé à 17 ans, Joseph Conrad, de son propre aveu, ne parlait que quelques bribes d'anglais en 1876, quand il s'embarqua à bord d'un navire de la marine marchande britannique. Et pourtant, c'est dans cette langue qu'il composa, près de vingt ans plus tard, son premier roman, La Folie Almayer. Les critiques se sont beaucoup interrogés non seulement sur l'ésotérisme et le pessimisme de ses récits, mais aussi sur les particularités de sa langue, Virginia Woolf estimant même, dans Journal d'un écrivain, que, « d'origine étrangère, parlant un anglais défectueux, et marié à une lourdaude », il versait dans le mélodrame.
Conrad devait dire dans Lord Jim que la patrie est un juge muet, et il s'était longtemps défendu contre l'accusation de désertion. Il était néanmoins un transfuge. Comme Lord Jim sautant dans le canot des fuyards, Conrad avait largué les amarres qui le rattachaient à sa terre natale. Il avait dédié sa vie aux vastes océans, bourlinguant de Singapour à Dunkerque. Il suffit d'ouvrir Le Miroir de la mer (rééd. Folio, 2008) pour savoir quelle passion il vouait à son métier de marin. Les textes réunis sous le titre Le Naufrage du Titanic et autres écrits sur la mer peuvent se lire parallèlement à ces évocations autobiographiques. Conrad y revient sur ses enchantements. Il y conte sa fascination pour les explorateurs, de Livingstone à Tasman, il y confie qu'enfant déjà il aimait les atlas et lisait tous les livres de voyage qui lui tombaient sous la main, tout en regrettant presque que ces chroniqueurs, « avec leurs remarques de perroquet, leurs étranges tentatives pour être drôles, et celles, lamentables, pour paraître sérieux », aient disparu. Il y livre ses réflexions sur le naufrage du Titanic, déplorant les lenteurs et les absurdités de l'enquête menée, condamnant l'exploitation de l'événement par la presse, soulignant que ce paquebot n'est pas, comme le clament d'aucuns, «le serviteur du progrès, mais celui du commercialisme ». Il y fait aussi allusion à son expédition au Congo, dont il s'était inspiré pour mettre sur l'enclume Au cœur des ténèbres. .
Mais, avant d'écrire ce chef-d'œuvre, il avait eu l'idée d'une nouvelle congolaise, Un avant-poste du progrès, publiée en 1898 dans le recueil Tales of Unrest (Inquiétude). Il y met en scène deux médiocres Européens, négriers ayant la charge d'une factorerie, qui vont au désastre. La peur, arrivée avec les cruels colonisateurs, règne partout: « Un homme peut tout anéantir en lui, l'amour, la haine, la foi, et même le doute; mais aussi longtemps qu'il s'accroche à la vie, il ne peut anéantir la peur: la peur subtile, indestructible, terrible, qui imprègne son être; qui colore ses pensées; qui est à l'affût dans son cœur; qui épie sur ses lèvres l'agonie du dernier souffle. » Ce paysage lunaire, qui contraste avec l'aspect plutôt riant de ses souvenirs, rappelle que Conrad n'était pas seulement un «romancier de la mer », mais aussi un obserrvateur de cette humanité qui, comme Marlow dans Au cœur des ténèbres, ne reste loyale qu'au« cauchemar de son choix ».
LINDA LÊ
LE MAGAZINE LITTÉRAIRE MARS 2009 N°484
Linda Lê viết về Conrad, trên số báo về Gide.
Chàng để cho nhân vật của mình, là Lord Jim, phán: Tổ quốc là một ông quan toà câm.