Vượt quá tội ác và hình phạt
Jean Améry
Tựa lần xuất bản năm 1966
PAR-DELÀ LE CRIME ET LE
CHÂTIMENT
ESSAI POUR SURMONTER L'INSURMONTABLE
Comment
"penser" Auschwitz quand on en
réchappa ? Que faire du
ressentiment? L'esprit peut-il sortir indemne de la confrontation avec
l'univers
concentrationnaire? La foi est-elle indispensable à l'âme révoltée?
En 1943, Jean Améry fut
torturé par la Gestapo pour son activité dans la Résistance belge, puis
déporté
à Auschwitz parce que juif. Au long
des pages
de cet Essai pour surmonter l'insurmontable, l'écrivain autrichien
explore avec
lucidité ce que l'univers concentrationnaire lui a enseigné sur la
condition de
tout homme meurtri par une réalité monstrueuse. Ce livre "sur les
frontières de l'esprit" est la manifestation éclatante d'un esprit sans
fronntières, d'un humaniste rayonnant.
Né en 7972 à Vienne, Hanns Maier - qui prit
en 7955 le
nom de Jean Améry - étudia la littérature et la philosoophie. En 7938,
il
émigra en Belgique. Après la guerre et sa déportation, il retourna à
Bruxelles
et se consacra à une œuvre critique et littéraire d'une véhémence et
d'une élégance
remarquables, couronnée par de nombreux prix. Il s'est donné la mort en
7978 à
Salzbourg.
*
Làm sao 'suy tư" Lò Cải Tạo, sau khi thoát ra?
Liệu cái đầu vẫn còn nguyên, sau cú Lò Cải Tạo?
Liệu Niềm Tin, phải có nó, nếu muốn làm... VC?
THANH TAM TUYEN
La poésie entre la guerre et le camp
Après
ma libération, sur le
chemin du retour, la première chose que j'ai faite, a été de me replier
et
écrire mes poèmes mémorisés tout au long de ma détention.
Je suis un survivant, mais je
ne veux plus être écrivain, comme je l'ai pourtant souhaité depuis
toujours.
J'ai écrit dans ma mémoire au
camp : « II faut que j'arrive à écrire comme si rien ne s'était passe,
comme si
rien n'était modifié. »
Et maintenant je me dis : «
Quand serai-je capable d'une telle chose ? » Pour re-écrire.
Propos recueillis et traduits
par Le Huu Khoa
Khi ra
khỏi trại tù, trên
đường về, điều đầu tiên tôi làm, là cúi gập mình viết ra những bài thơ
lưu giữ
trong trí nhớ suốt thời gian tù đầy.
Tôi là kẻ sống sót, nhưng tôi
chẳng muốn làm nhà văn nữa, như đã từng mong muốn.
Tôi đã từng lưu vào trí nhớ,
khi ở trong trại tù, điều này: "Phải làm sao viết như chẳng có gì xẩy
ra,
chẳng có gì thay đổi."
Và bây giờ tôi tự hỏi:
"Khi nào thì tôi có thể làm được như vậy? Lại viết?
Par-Delà Le Crime Et Le
Chatiment
PRÉFACE A LA PREMIÈRE ÉDITION
DE 1966
Quand
le grand procès
d'Auschwitz débuta à Francfort, en 1964, je rompis un silence de vingt
ans et
me mis à écrire le premier essai relatant mes expériences vécues
pendant le
Troisième Reich. Au départ je n'avais pas l'intention de lui donner une
suite,
je voulais simplement jeter quelque lumière sur un problème particulier
: la
situation de l'intellectuel dans un camp de concentration. Pourtant,
quand le
travail fut terminé, il me sembla que je ne pouvais pas en rester là.
Auschhwitz. Comment y étais-je arrivé? Que s'était-il passé auparavant,
qu'adviendrait-il après, qu'en est-il de moi aujourd'hui ?
Il
serait faux de dire que
pendant ma longue période de silence j'avais oublié ou "refoulé" ce
destin qui fut le mien et celui des Allemands douze années durant.
J'avais déjà
consacré deux décennnies à la recherche du temps impossible à perdre,
mais il
m'avait été très difficile d'en parler. Mainntenant, comme la mise par
écrit de
mes réflexions semblait avoir rompu l'obscur envoûtement qui me
paralysait,
tout voulait soudain être dit: c'est ainsi que ce livre vit le jour. Je
découvris alors que si j'avais sans doute réfléchi à beaucoup de
choses, je ne
les avais jamais articulées clairement. C'est pendant le travail de
rédaction
que tomba le voile et que je découvris ce qui m'était déjà apparu dans
une
sorte de réflexion rêveuse semi-consciente et encore hésitante au seuil
de son
expression langaagière.
La
méthode à suivre ne tarda
pas à s'imposer. Si, pendant la rédaction des premières lignes de
l'essai sur Auschwitz, j'avais encore
cru pouvoir me tenir à une
distance prudente et approcher le lecteur avec une objectivité toute
distinguée, j'allais bien vite me rendre compte que c'était une tâche
impossible. Là où le "Moi" voulait être évité à tout prix, il
s'avérait être le seul point de départ valable. Au début je voulais
écrire un
essai fondé sur mes réflexions. Il en sortit une confession
personnelle,
entrecoupée de méditations. En outre, je compris très vite combien il
serait
absurde d'ajouter un ouvrage de plus à l'impressionnante série de
travaux
documentaires, en partie excellents, qui traitent déjà du même sujet.
Ma
confession et ma méditation ont donné l'étude qui suit, plus
exacteement la
description de l'existence de toute victime.
Je
progressai à tâtons,
lentement et péniblement, dans ce que je ne connaissais que trop bien,
à
satiété même, et qui pourtant avait conservé son étrangeté. C'est la
raison
pour laquelle les chapitres de ce livre ne sont pas ordonnés en
fonction de la
chronologie des événements, mais de la succession de leur apparition.
Le
lecteur, s'il veut bien consentir à se joindre à moi, devra m'emboîter
le pas
dans cette obscurité que j'ai voulu éclairer justement pas à pas. Ce
faisant,
il se heurtera à des contradictions dans lesquelles je suis tombé
moi-même.
Ainsi, dans le passage sur la torture, la signification que je devais
donner au
concept de dignité ne m'était-elle pas claire du tout, et je l'écartai
pour
ainsi dire d'un geste de la main, alors que plus tard, dans mon travail
sur la
condition juive, j'ai cru comprendre que la dignité est le droit à la
vie que
vous confère la société. De même, tandis que j'écrivais sur Auschwitz
et la
torture, je ne comprenais pas encore clairement que ma situation ne
pouvait se
ramener entièrement au concept de "victime nazie" ; ce n'est qu'en
arrivant à la fin de mon travail et en méditant sur la nécessité et
l'impossibilité d'être juif que je me reconnus aussi dans l'image de la
victime juive.
Dans
ces pages qui sont
peut-être incomplètes, mais dont je puis affirmer qu'elles sont
sincères, il
est beaucoup question de faute et d'expiation, car j'ai tout aussi peu
tenu à
ménager les susceptibilités étrangères que la mienne propre. Néanmoins
je vois
dans cet ouvrage un compte rendu qui va plus loin que la question de la
faute
et de son expiation, qui se situe par-delà le crime et le châtiment.
Les choses
y sont décrites telles que les a ressenties une victime terrassée,
c'est tout.
Dans ce
livre je ne m'adresse
pas à mes compagnons d'infortune. Ils savent. Chacun d'eux doit porter
à sa
manière le fardeau de son expérience personnelle. C'est aux Allemands
qui, dans
leur écrasante majorité, ne se sentent pas ou ne se sentent plus
concernés par
les méfaits à la fois les plus sinistres et les plus significatifs du
Troisième
Reich, c'est à ceux-là que je voudrais raconter ici certaines choses
qui ne
leur avaient sans doute jamais été révélées. Enfin, il m'arrive aussi
d'esspérer que cet ouvrage a été écrit pour une bonne cause : car il
pourrait
alors concerner tous ceux qui veulent être le prochain de leur
semblable.
JEAN
AMÉRY,
Bruxelles,
1966